Un domaine, quatorze générations de vignerons

Depuis la fin du XVIᵉ siècle, la famille Goisot cultive la vigne à Saint-Bris-le-Vineux. Le premier vigneron connu, Germain Goisot, pose les bases d’un domaine transmis sans rupture jusqu’à Guilhem, quatorzième génération aujourd’hui. De siècle en siècle, chaque nouvelle génération a commencé par travailler avec – ou parallèlement à – la précédente, assurant une transmission patiente des gestes, des terroirs et de la vision du domaine.

Cette modernisation est portée par Hugues et Marie-Claude, qui exercent de 1954 à 1994. Ils introduisent les premiers outils mécaniques : premier tracteur en 1955, premier enjambeur en 1957. Au début des années 1970, ils développent fortement la vente en bouteille et arrêtent progressivement la culture de la cerise pour replanter de la vigne. Parallèlement, Hugues participe à la création de la cave coopérative de Bailly, contribuant au rayonnement du vignoble de l’Auxerrois.

Au milieu des années 2000, leur fils Guilhem rejoint l’aventure avec sa compagne, Marie. Ensemble, Jean-Hugues & Guilhem signent aujourd’hui les vins du domaine et portent une même vision : faire parler les terroirs de Saint-Bris-le-Vineux, sans compromis sur la qualité ni sur le vivant.

Entre 1896 et 1930, Eugène et Antonia replantent la vigne après le drame du phylloxéra. Ce sont eux qui commencent à commercialiser les vins en feuillette (fût de 132 litres) auprès des restaurateurs parisiens et des grossistes de la région. Amis du ministre Bienvenu-Martin, ils accueillent même chez eux la rédaction du brouillon de la loi de séparation de l’Église et de l’État, inscrivant la maison Goisot dans l’histoire locale autant que dans celle de la vigne.

De 1922 à 1964, Raoul et Geneviève prennent le relais. Dans un contexte marqué par l’après Première Guerre mondiale, il leur faut beaucoup de courage pour relancer le domaine, consolider le vignoble et maintenir l’activité familiale. Ils poursuivent la reconstruction patiemment, en préparant le terrain pour la modernisation à venir.

Jean-Hugues rejoint le domaine très jeune, à 16 ans en 1974, après la première crise cardiaque de son père, et est rejoint par Ghislaine en 1979. Ensemble, ils consacrent près de vingt ans à la rénovation des bâtiments historiques, notamment les caves des XIᵉ au XIIIᵉ siècles. En 1990 débute la conversion à la culture biologique, suivie en 2001 par la certification de la totalité du domaine. En parallèle, Jean-Hugues s’engage pour le collectif vigneron et œuvre à l’obtention de l’AOC village Saint-Bris. 2021 marque le départ à la retraite de Ghislaine.

“Je suis passionnés par l’expression du terroir à travers les vins”. Toute l’évolution de la gamme vient de là. Vinifier séparément les parcelles, multiplier les cuvées de lieu-dit, pour montrer ce que chaque coteau a à dire.

Le village de Saint-Bris-le-Vineux est entouré de sept collines aux expositions et aux sols très différents. Pour Jean-Hugues & Guilhem, c’est un terrain de jeu exceptionnel : marnes, calcaires, micro-climats… Autant de nuances qu’ils cherchent à retranscrire dans chaque bouteille plutôt qu’à lisser dans un “style maison” unique.

Ce travail patient (observer, séparer, goûter, ajuster) est aussi ce qui permet de “tenir” face aux aléas du métier : les difficultés climatiques, les millésimes compliqués, les choix à faire année après année.

Exprimer les terroirs des 7 collines

Du bio à la biodynamie

La conversion en agriculture biologique démarre au début des années 1990, bien avant que ce soit une tendance. À l’époque, le constat est simple : les sols souffrent, les désherbants ne fonctionnent plus, la vie du sol s’effondre. Jean-Hugues décide alors de repasser par le travail des sols et, en une dizaine d’années, le domaine bascule entièrement en bio (certification en 2001).

Avec l’arrivée de Guilhem au domaine, une nouvelle étape est franchie : la biodynamie. Les vignes sont désormais cultivées selon ces principes et le domaine est certifié Demeter depuis 2005.

Pour Jean-Hugues & Guilhem, la biodynamie n’est pas un argument de marketing, mais un outil pour redonner de l’énergie aux sols, renforcer la résistance naturelle des vignes et limiter au maximum les intrants à la cave. Leur conviction : “le vin se vinifie d’abord dans la vigne et non en cave”.